DESTRUCTOR


La plupart des films d'action plagistes de Schwarzenegger ou de Stallone sont des navets, mais d'autres, pour notre bonheur, sont de purs nanars. Destructor en est même un classique dans ce genre-là.

En premier, la jaquette nous en dit long du film… enfin du nanar qu'il contient : le buste du héros tenant une mitrailleuse collée avec photoshop sur fond d'une explosion de feu d'artifice tirée du film avec en haut écrit en très gros " Destructor " puis en -dessous et plus petit " payé pour tuer " et puis plus rien… aucun nom de réalisateur ni d'acteur. Sans voir la tête du héros, on s'attends déjà à un très gros morceau. Maintenant examinons la tête. Le héros, c'est " Arnold Lambert " : Regard intelligent de Christophe (avec yeux qui louchent) et morphologie de brute de Schwarzenegger avec, pour couronner le tout, des lèvres gonflées au collagène pour lui donner un aspect d'acteur de film porno. Retournons la cassette pour lire l'histoire ou trouver un nom d'acteur. Toujours pas de noms sauf celle de la production " omega-vidéo " (si je me renseigne je parie qu'ils font des films pour adultes vu la tête du héros). L'euphorie s'empare déjà de tous les amateurs de nanars.
L'histoire nous raconte que le héros, mercenaire de son état, doit infiltrer un pays imaginaire (qui doit être la Grèce ou la Turquie vu les décors) mais ne peut réussir sa mission si et seulement s'il est accompagné de six femmes- commandos qui s'introduisent dans le pays imaginaire en se faisant passer pour des mannequins lors d'une tournée de mode dans ce pays. Fallait oser. Généralement on se fait passer pour un photographe (je dis pas le nom du film) mais là pas de honte c'est une tournée de mode sous une dictature. On se demande évidemment si l'opération va marcher… surtout 8 femmes pas mannequins du tout et un mastard à collagène… c'est limite la gay pride quand on les voit déambuler. Ca semble aberrant de penser ça mais je crois bien que c'est ce voulait le scénariste. On reparlera du côté gay du film plus tard.

Destruction a tout d'un grand nanard :
Le scénario a lui seul vaut son pesant de cacahuètes. Concrètement la mission d'infiltration dans une dictature pour libérer un opposant du régime en place en se faisant passer pour une agence de mannequinât est tout ce qu'il y a de plus absurde. Surtout avec des femmes qui paraît-il sont commandos mais ont beaucoup de mal à un entraînement plus proche du club de vacances côté exercice physique que de la préparation de commando. Une scène admirable est quand " Arnold Lambert " fout une pâtée en combat rapprochée à une fille et dis " c'est bon elle est OK ". En fait si on se fait rétamer par " Arnold Lambert " c'est qu'on est bon(ne) pour être commando.
J'éviterai de vous raconter l'histoire car étant très pourrave et donc délicieux pour tout nanardeurs, je préfère vous laisser la surprise (vu que mes chroniques semblent interminables avec ses millions de parenthèses et ses phrases complexes J ). Vous ne le regretterez pas.

Les décors sont comme à l' habitude très limités mais avec une petite surprise. Il ne s'agit pas d'une carrière ou une usine désaffectée mais d'un château ! Le jardin et la petite forêt dominicale servent à imiter la jungle et le camp d'entraînement et celui des rebelles, la cave pour les défilés de mode, le premier étage et le salon pour faire le palais du dictateur, l'entrée pour la soirée post-défilé et enfin la partie en rénovation du château pour faire à des bâtiments en ruines (y a même des graffitis de squatters en italien sur les murs). Notons un côté très cheap avec les tentes des rebelles, qui sont des canadiennes une place que l'on trouve à Decathlon flanquées de deux branches ridicules. Terrible.

Evidemment le jeu des acteurs est très plat. Je n'ai pas vu un seul acteur dans ce film avoir une émotion. On dirait que tout a été filmé en bloc, sans laisser le temps aux acteurs de connaître leurs personnages, qu'ils semblent découvrir au fur et à mesure. Pour preuve, ce n'est qu'à la fin du film que les filles montrent leurs côtés guerrières ( car elles sont commandos rappelons-le) avec les tirs un peu partout et l'idée de se mettre à couvert…
De plus les dialogues sont parfaitement nanars. Une fille dit au héros de surveiller ses arrières car elle le butera. Lui répond qu'elle devrait plus se méfier de lui car il s'est le mieux payé. Bon je vais pas m'étendre sur les dialogues parce que ça n'arrête pas.

De même les aberrations, comme dans tout bon nanar qui se respecte, ne manquent pas. Citons que les plus énormes. Par exemple la prison, que dis-je le complexe carcéral vu que l'évasion dure un moment côte parcours de lieux identiques mais filmé dans un autre angle, ne contient qu'un prisonnier . Là on se dit que le dictateur doit avoir rien d'autre à foutre que de mettre une compagnie entière (vu le nombre de méchants tués et retués) pour surveiller un opposant au régime croupissant aux fin fond de catacombes alors qu'il aurait été plus simple de l'exécuter, comme tout bon dictateur ferait. Ensuite, autre grand moment, le déploiement des méchants à partir de l'hélico. Premier plan on voit l'hélico se rapprocher du sol pour que 2 hommes sautent à terre er de là, l'intérieur de l'hélico vide. Scène suivante, ce ne sont pas 2 mais 6 hommes qui sont au sol. Mais où étaient-ils cachés ? Peut-être David Copperfield joue un méchant qui aurait fait disparaître ses copains ? Toujours dans les suivantes ces méchants-là, à découvert, mettrent trois plombes avant de se faire tuer malgré le feu nourri des rebelles, et pour accentuer le tout, surjouent leurs morts comme les soldats de White Fire ou Commando Massacre. En fait, si on se veut logique, le fait qu'ils mettent du temps à se faire tuer est simple dû à leur positon au combien stratégique : un sol sablonneux avec pas un couvert à 50 mètres à la ronde. Tout le monde le sait que dans les nanars, les zones à sables sont les meilleurs couverts qui soient (cf DragonFight et le match nul entre un ranger les pieds dans le sable et un sniper dans un hélico avec un fusil mitrailleur). La preuve est que dans le film, le dictateur se retrouve au même endroit que les six méchants morts et malgré les tirs incessants de " Arnold Lambert " du haut d'un hélico, le dictateur ne prend pas une balle. Un autre moment d'aberration est, pour continuer dans le classisme du nanar, la scène avec un mort inutile. En début de film, dans des ruelles sans doute turques, un personnage sur un balcon se fait flingué en se mangeant un volet (en se plaquant violemment dessus comme attiré par un aimant) par des méchants sortis de nulle-part, avec une belle chute de mannequin du haut du balcon. Cette scène n'a aucun rapport avec le film car cela n'as aucune répercussion dans le film puisque personne n'a parle. D'après moi c'est une erreur de montage… ils ont dû s'emmêlé les pinceaux entre deux films et voilà le résultat ! Ah oui aussi, on découvre dans Destructor que placer des explosifs sur un rebord d'une fenêtre permet de faire exploser le bâtiment de l'intérieur. Très fort surtout quand même pas une brique de vascille sous la violence explosion. A mon avis, on a interdit au réalisateur de faire péter la partie en rénovation du château loué, ce qui semblerait très logique (mais moins à l'écran) Je vous ai gardé le meilleur exemple pour la fin : la tour. Imaginez une tour de 30 mètres de haut. Imaginez une fille-commando derrière une muraille à 50 mètres de la tour. Maintenant imaginez la fille dire au héros : "tu te souviens le carnage que j'ai fait à Manhattan ? " ( !) et lancer mollement une grenade vers le sommet de la tour où se niche une mitrailleuse barricadée. Vous savez quoi ? La grenade atterrit aux pieds du soldat en haut de la tour et explose. Parfaitement, madame monsieur, et sans trucage ni ligne de vue !

Une grande particularité de ce film est sans contexte le coté gay. Déjà le héros a la tête de l'emploi et surtout, non mais surtout, le film connaît quelques scènes ambigus pour un héros musclé-commando à la rambo (quoique). Déjà faut prendre en compte l'histoire du défilé de mode et le fait qu'il y a très peu de combat (violent ou pas). Maintenant je vais vous racontez le moment clé du film, celui où lorsqu'on vous dira " Destructor ", vous devrez penser à ça. Il s'agit d'un entretient entre le dictateur et le héros. Le dictateur appelle sa femme (si je me trompe pas) lui enlève le haut (plan nichon) et demande au héros s'il est interresé. Il répond non. Alors tout ce beau monde sous-entend que le héros est homo. Le dictateur, la cinquantaine et moustachu, s'approche du héros qui lui roule une pelle sensuelle digne des plus grands films d'amour. Je répète : le héros roule une pelle au vieux dictateur. Retenez ça du film car c'est le seul moment travaillé car il y a de la tension, de la passion, de la tendresse, de l'amour et les acteurs jouent très bien…. Ils doivent se sentir naturels.

Pour conclure Destructor est un très bon nanar, avec tous les ingrédients nécessaires et une touche d'originalité ( à quand un film avec des scatophiles ?), mais n'est pas aussi grandiose qu'un Max Thayer quand même (quoique chacun son style). A voir au moins pour éviter de mourir idiot.

Au fait je ne sais pas qui est le Destructor, vu que ce mot n'est pas dit une seule fois dans tout le film … ça me rappelle un certain Laser Force ça ;) .

(Lantak)

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