LA SECTE SANS NOM (Los sin nombre)



La secte sans nom (2000) durée : 1h52
Avec: Tristan Ullea, Jordi Dander, Emma Villarasan, Pep Tosar, Karra Elajalda
Réalisé par Jaume Balaguero
Synopsis: 5 ans après le meurtre de sa fille, Claudia reçoit un soir de solitude un coup de fil de celle-ci l'appelant au secours. Aidée par un ex policier, elle part dans cette croisade au cœur des entrailles de la terre.

Douloureusement Génial

Quel voyage a bien pu faire l'auteur pour nous ramener un tel avant-goût de l'apocalypse ? Voyage au bout de l'enfer? De l'horreur? Ou voyage au bout de nous-même? On ne peut ressortir indemne de ce film. Il se grave en nous comme une peau gravée au cutter. Chaque fois que l'on y repense on revoit inlassablement les mêmes choses : d'abord ces petites images subliminales blafardes et floues qui heurtent l'oreille de leur petit bruit de diapositive déchirée, ces petites images blêmes qui font sursauter et s'enfoncer plus profondément dans cet univers inquiétant. Il y a aussi cet homme pendu au plafond et étripé tel un martyr chrétien, un autre opéré vivant, sous une nuée de regards nauséeux, pénétrant les entrailles. Et puis cette galerie de visages quasi-issus du musée des horreurs. Enfin cette fillette de douze ans au visage si parfait et angélique, mais à l'âme si…je vous laisse découvrir.
Qui peut ressortir indifférent d'une telle production ?
On commence dans une ambiance lourde, écrasante, étouffante. Notre héroïne est seule, mortellement seule. Elle fait des longueurs dans une piscine publique. Il y a la fraîcheur de l'eau, les enfants, les bruits de gens qui se distraient. Mais Claudia plie pourtant sous le poids de son âme endeuillée par sa fille disparue. Seule, solitude, ces mots martèlent son esprit, dans la rue, dans son canapé, dans son bureau, entourée par les journalistes pressés. Elle les regarde depuis le verre de son bocal. Lointaine, affadie, presque endormie. On dit que l'ambiance colle bien souvent au cadre de vie et à l'humeur des personnes qui l'habite. Froid, distant. Froid, ça le restera tout au long du film. Rien n'est fait pour être confortable ici. Et ça marche.
Coup de massue. La fille décédée et chérie appelle un soir, implorant le secours de sa mère. L'aventure commence alors. L'escapade de l'horreur. Bienvenu dans la quête du mal. Un silence, on retient son souffle. Une image passe en accéléré. On distingue mal, on sursaute, une silhouette humaine glisse à l'intérieur et se grave. Et là nous sommes entraînés à notre tour, dans la recherche de cette synthèse du mal incarné. L'eau est de nouveau là, pesante comme une mer. On est glacé et on frissonne. On suit Claudia en silence (un silence à hurler), dans une bâtisse condamnée qui jadis illustrait l'image du bonheur familial. On maudit l'oiseau qui s'envole et les murmures qui l'entourent. Puis on s'arrête devant une cassette. C'est eux… Mais qui sont-ils ? Ils ne sont plus rien, ils n'ont plus d'identité. Ils ne sont que des armes, des soldats, des machines programmées. Le bonheur dans le malheur, la purification par le sang, l'horreur à l'état le plus pur. Bonne chance à vous dans cette descente dans les abysses humains. Vous n'aurez aucun répit jamais. Ne vous attachez pas à eux. Ne vous laissez pas prendre au jeu du flash-back du bonheur, c'est une surprojection contre un mur.
En revanche, il vous est vivement conseillé de le voir en version originale. Vous perdriez sinon, tout le timbre de voix fondu dans le décor. Merci malgré tout à l'auteur et au réalisateur de nous avoir montré qu'il y avait encore des domaines à explorer dans l'horreur.
A.C

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