UNE FEMME DE MENAGE


Depuis que sa femme l'a quitté, l'appartement de Jacques est un véritable capharnaüm. Par nécessité, mais surtout par paresse, Jacques décide d'engager une femme de ménage prénommée Laura pour faire un peu de rangement. Mais un beau jour la jeune fille demande à Jacques s'il ne peut pas l'héberger pour quelques temps. Finalement ils tombent amoureux l'un de l'autre. Et si c'était pour la vie ?

Producteur plus qu'heureux d'Astérix et Obélix : Mission Cléôpatre, Claude Berri revient à la mise en scène trois ans après La Débandade.

Son nouveau long-métrage est riche par ce qu'il véhicule comme idées. Tout d'abord Une femme de ménage est un film sociologique de la même manière que l'était Le Goût des autres (où l'on trouvait déjà Jean-Pierre Bacri !) d'Agnès Jaoui, d'où l'étrange similitude de ton entre ces deux films. Mais à l'inverse du film de Jaoui où elle s'amusait à décortiquer et à mettre au jour les différences culturelles selon le milieu social, Berri s'intéresse aux différences selon les catégories d'âge sans pour autant en faire le sujet principal de son film mais simplement pour en servir le propos à savoir la rencontre improbable entre deux personnes. Alors on se réjouit de voir Laura faire le ménage en écoutant du rap pendant que Jacques se cloître dans sa chambre pour écouter de la musique classique, il préfère lire un bon gros roman alors qu'elle se contente de magazines comme Gala ou encore aller danser en discothèque à la place de dormir comme le souhaiterait Jacques.

Mais le film ne se réduit pas à cette simple dialectique. Berri nous propose une histoire d'amour belle et simple à la fois, sans faire subir au spectateur les torrents passionnels qui auraient pu animer les deux principaux protagonistes. Il suffit de voir la scène où Laura va embrasser d'elle-même Jacques, au milieu du salon de cet appartement à l'intérieur duquel le spectateur est présent depuis le début d'où un degré d'intimité assez fort qui s'en dégage.
Comme tout les nouveaux couples, Jacques et Laura ont besoin de s'évader, de partir loin de cet appartement. Berri nous fait donc partager leurs moments à la plage. Des moments de mélancolie qui révèlent l'attention que se portent mutuellement les deux tourtereaux quand par exemple la caméra bascule d'un coup pour nous dévoiler le contre-champ que Jacques observe d'un oeil hagard. Plus qu'un amant, Jacques est un père ce qui paraît plus légitime étant donné la différence d'âge. D'ailleurs cet écart ne jouera pas en sa faveur quand Laura lui avouera qu'elle a rencontré quelqu'un d'autre qui est de son âge. Dans la scène suivante en allant se baigner, Jacques aura une crampe qui dans un ralenti semble avoir un certain écho associant la douleur de cette crampe et sa rupture avec Laura.
Une femme de ménage ne fait pas seulement rire mais fait également réfléchir sur le modèle familial sans cesse en évolution de nos jours comme le démontre explicitement le plan final. Une comédie de mœurs pas bête pour un sous.

(Blop)

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